
La présidente du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Mme Amina Bouayach, a appelé le Maroc à élaborer sa première stratégie en matière d'intelligence artificielle (IA). C’était lors de sa participation à l'ouverture d'un séminaire scientifique de trois jours organisé par l'Université Hassan I de Settat qui s’est ouvert le 5 février 2025.
Dans une allocution prononcée en son nom par M. Mohamed El Hachimi, directeur des études et des recherches au CNDH, Mme Bouayach a indiqué que la stratégie numérique marocaine doit être accompagnée d’une deuxième stratégie indépendante en matière d’intelligence artificielle, au regard des opportunités que le numérique, la technologie et l'intelligence artificielle peuvent offrir en vue de promouvoir le développement. « Les droits de l'Homme ne sont pas nécessairement incompatibles avec les développements technologiques et numériques », a-t-elle dit.
Considérant que les droits de l'Homme ne constituent non seulement pas un obstacle à l'innovation et au progrès, elle a affirmé qu’en plus, « la recherche de solutions et le respect des droits et libertés peuvent être un catalyseur pour une plus grande innovation. En effet, faire de l'engagement volontaire en faveur des droits et libertés et veiller à la protection de la dignité humaine en tant qu’élément déterminant des approches d'innovation, ouvriront indéniablement de nouveaux horizons pour de plus grandes innovations et progrès... plus profonds et plus humains », a déclaré la présidente du CNDH.
Dans le même contexte, elle a souligné que la stratégie nationale en matière d'IA doit créer toutes les conditions favorables pour encourager et inciter à l'innovation ; développer des systèmes d'IA qui prennent en compte les dimensions des droits de l'Homme dans la collecte des données et la conception des algorithmes ; et donner la priorité aux évaluations périodiques de l'impact sur les droits de l'Homme pour garantir la protection des droits de l'Homme et des libertés.
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Et la présidente du Conseil d’ajouter que l'IA offre de grandes opportunités pour renforcer la protection des droits de l'Homme, notamment en vue de renforcer la sécurité médicale, permettre aux personnes en situation de handicap d’accéder au développement technologique, développer l'enseignement en le rendant accessible à tous, soutenir le développement durable, prévoir les catastrophes naturelles, réduire les émissions de dioxyde de carbone d'ici 2030, etc.
Toujours dans le contexte des défis associés aux droits de l'Homme à l'ère du numérique et de l'intelligence artificielle, Mme Bouayach a mis en garde contre le risque de faire fi de trois questions majeures :
La désinformation et à son impact sur les droits de l'Homme et les libertés. En effet, il est devenu impératif, selon Mme Bouayach, de développer des stratégies efficaces pour faire face à ce phénomène, principalement en vue de développer l'éducation médiatique et numérique, renforcer des capacités des individus à s’assurer de l'authenticité des informations, garantir la transparence des plateformes numériques et responsabiliser les géants des plateformes internationale afin de lutter d’une manière effective et efficace contre ce fléau.
La discrimination et la reproduction des stéréotypes : les technologies et les systèmes d’IA peuvent renforcer des biais sociaux préexistants s’ils ne sont pas conçus avec précaution et soumis à des révisions globales périodiques.
L’impact inégal sur les populations vulnérables, en particulier les femmes : la technologie n’est pas nécessairement neutre et peut accentuer les hiatus existants entre différentes catégories de la population, notamment lorsqu’il s’agit de groupes vulnérables dont les femmes. Mme Bouayach a ainsi appelé à la mise en place de politiques et programmes à même de garantir la participation effective et sécurisée des femmes dans l’espace numérique, tout en renforçant leur protection contre les menaces, qui prennent des formes nouvelles et en constante évolution.